Le PC élève le plafond de dépenses à un niveau record

La course à la chefferie du Parti conservateur (PC) battra de
nouveaux records en politique fédérale : les candidats à la succession
de Stephen Harper pourront dépenser jusqu’à 5 millions de dollars. Une
somme importante, selon certains, puisqu’il y a un nombre limité de
donateurs à solliciter. Mais « raisonnable », selon d’autres, puisque les candidats devront parcourir tout le pays pour courtiser des appuis.
Les
conservateurs ont dévoilé les règles de leur course à la chefferie
mardi soir : les candidats devront être membres du parti depuis six
mois, ils pourront se lancer dans l’arène jusqu’au 24 février 2017 en
vue de l’élection du 27 mai 2017, et ils devront récolter 300 signatures
dans 30 circonscriptions réparties dans sept provinces. Le plafond des
dépenses a été fixé à 5 millions.
Les aspirants-chefs devront
en outre débourser 100 000 $ — 50 000 $ de frais d’inscription et une
somme équivalente en dépôt de garantie de conformité aux modalités de la
course.
« C’est beaucoup d’argent… C’est beaucoup d’argent »,
a réagi Lisa Raitt en apprenant mercredi matin les sommes en jeu. La
députée ontarienne est toujours en réflexion. La publication des règles
accélérera sa décision. « Le temps presse », a-t-elle avoué. Son collègue Tony Clement, qui songe aussi à se lancer, estime lui aussi que « c’est beaucoup ».
La course conservatrice compte en effet le plafond de dépenses le plus élevé des dernières années [voir encadré].
Un
plafond de dépenses de 5 millions ne pipera pas les dés, selon le
député Andrew Scheer, car les dons sont limités à 1500 $ par personne,
et un candidat ne peut verser qu’un maximum de 25 000 $ à sa propre
campagne. « Il y a des limites même à ce que les
gens riches peuvent investir dans leur propre campagne. Alors il s’agira
davantage de voir combien personnes, combien de membres les candidats
potentiels au leadership pourront rejoindre », a-t-il fait valoir.
« On
parle quand même d’une campagne nationale de 15 mois, d’un océan à
l’autre, pour aller rencontrer des milliers de Canadiens dans leur
communauté, a acquiescé Gérard Deltell. C’est sûr que ça prend des sous. »
Les
candidats les mieux connus, et comptant le plus de partisans aux quatre
coins du pays, pourraient cependant avoir plus de facilité à récolter
rapidement la contribution maximale des donateurs potentiels. « Le bassin de ressources sera limité. Il n’y a pas un nombre énorme d’individus qui vont faire des dons », a noté Lisa Raitt.
Un vote égal au pays
Le
Parti conservateur a par ailleurs conservé son système de répartition
de votes, qui accorde un poids égal à chacune des circonscriptions, peu
importe le nombre de membres au sein de celles-ci. « Chaque
circonscription a le même poids quant au choix du gouvernement. Il
n’est que juste que chaque circonscription ait le même poids pour
choisir un chef », a argué Tony Clement.
Plusieurs
de ses collègues étaient du même avis. Même ceux des Prairies, où les
associations conservatrices comptent beaucoup plus de membres qu’au
Québec ou dans les Maritimes et qui pourraient donc être vexés de voir
ces régions avoir autant d’influence que la leur. Cette règle faisait
partie de l’entente de fusion qui a donné naissance au PC et il « faut la respecter », a tranché l’Albertain Deepak Obhrai.
L’Ontarien
Scott Reid — qui tentait encore il y a cinq ans de modifier ce système —
a toutefois refusé de se prononcer sur la question mercredi.
Outre
Lisa Raitt et Tony Clement, les noms de Kellie Leitch, Jason Kenney,
Maxime Bernier et de l’homme d’affaires Kevin O’Leary ont été évoqués
comme candidats potentiels. M. Bernier — qui a qu’il prenait « tous les moyens pour être capable de dire oui » — n’a pas voulu commenter les règles de la course mercredi.
Ses collègues québécois ont tous jugé « essentiel » que le prochain chef soit bilingue. Mme Raitt, Mme Leitch et M. O’Leary sont unilingues anglophones.