Le NPD veut décriminaliser la marijuana avant de la légaliser

Ottawa — Le Nouveau Parti démocratique exhorte le gouvernement Trudeau à décriminaliser la marijuana avant de la légaliser.
Au cours de la dernière campagne électorale, Justin Trudeau et les libéraux avaient promis de légaliser, de réglementer et de limiter l’accès à la marijuana. Son gouvernement compte aller de l’avant avec cet engagement au printemps prochain.
Entre-temps, la possession de marijuana demeure un crime.
Le NPD présentera une résolution, lundi, afin d’amener les élus de la Chambre des communes de reconnaître qu’il existe une contradiction entre donner un dossier criminel à des gens pour un acte qui ne devrait pas être considéré comme un crime, selon le gouvernement.
La résolution demandera au gouvernement de décriminaliser
immédiatement la simple possession de marijuana à des fins
personnelles. « En votant pour les libéraux, les Canadiens pensaient
avoir un gouvernement qui agirait rapidement pour mettre fin aux
arrestations de personnes qui fument de la marijuana et à l’octroi de
casiers judiciaires », a affirmé le porte-parole du NPD en matière de justice, Murray Rankin, dans un communiqué.
« Or, le gouvernement n’a toujours rien fait en ce sens. Pire
encore, il encourage les autorités policières à sévir plus fort contre
les consommateurs de marijuana. Il s’agit d’un gaspillage de ressources
qui ne fait que créer davantage de confusion au sein du système
judiciaire », a ajouté le député de Victoria, en
Colombie-Britannique.La ministre fédérale de la Santé, Jane Philpott,
avait officiellement annoncé l’intention du gouvernement de légaliser et
de réglementer la marijuana lors d’un discours devant l’Assemblée
générale de l’ONU à New York le 20 avril.
« Je m’adresse à vous en tant que ministre de la Santé du Canada pour vous dire que nous devons faire mieux pour nos citoyens »,
avait-elle dit dans un discours passionné prononcé lors d’une session
extraordinaire consacrée au problème mondial des drogues. Mme Philpott
avait alors révélé que le gouvernement Trudeau déposerait un projet de
loi pour légaliser la marijuana au printemps 2017.
Critiques
Le même jour, le premier ministre Justin Trudeau avait fait valoir qu’il
serait irresponsable de décriminaliser la marijuana dans l’intervalle. «
La réalité, c’est que décriminaliser, comme le propose le député
d’Outremont, ne fera que donner une source de revenu légale à des
criminels qui vendent de la drogue », avait-il répondu à la Chambre des communes à une question du chef du NPD, Thomas Mulcair.
Le député libéral Bill Blair, ancien chef de police de Toronto et
secrétaire parlementaire de la ministre de la Justice, a confirmé en
février que la police devait continuer d’appliquer les dispositions du
Code criminel concernant la marijuana. « Bien honnêtement, jusqu’à ce que ces lois soient abrogées par le Parlement par le processus approprié, [les lois] devaient être maintenues et respectées », avait dit M. Blair.
Il répondait alors aux inquiétudes de certains responsables de la
police, qui affirmaient que la promesse de légaliser la marijuana avait
créé de la confusion, particulièrement chez les policiers responsables
de faire respecter la loi.
Le 26 mai, la police de Toronto et les autorités municipales ont mené
des perquisitions dans 43 dispensaires de marijuana de la ville. Elles
ont arrêté 90 personnes, dont les propriétaires des boutiques et des
employés.
Une coalition de dispensaires de marijuana à Toronto estime que la police et les autorités municipales ont fait une « grave erreur » en ciblant leurs établissements et appellent à l’abandon des accusations portées contre les personnes arrêtées.
Certains Torontois ont dénoncé l’opération, estimant qu’il s’agissait d’un gaspillage de ressources policières.
Le chef de la police de Toronto, Mark Saunders, a toutefois repoussé les
critiques, affirmant que les perquisitions avaient été menées pour des
raisons de santé publique, après des plaintes de citoyens.
Read More..